Finalité globale
Produire un argumentaire collégial contributif aux réflexions engagées avec les tutelles et les autres instances (DGOS, CNP, ordres, fédérations, conseillers ministères…) visant à la reconnaissance officielle de cette fonction tutorale par la formation des tuteurs, le temps dédié à son exercice et sa nécessaire valorisation financière.
Contexte
Dans le processus de socialisation et de professionnalisation, le tutorat est un principe central pour les métiers qui s’adressent à autrui, nécessitant d’acquérir des compétences scientifiques, psycho-affectives, émotionnelles ainsi qu’un jugement clinique performant, quel que soit le lieu, la typologie d’exercice et les caractéristiques des bénéficiaires.
L’attractivité de la profession infirmière comme la fidélisation des professionnels diplômés reposent notamment sur des modalités d’apprentissage et d’intégration qui soutiennent le sentiment de sécurité, d’efficacité, d’utilité voire d’appartenance auprès :
– de l’apprenant (étudiant ou professionnel) devant effectuer une activité (à acquérir, à réviser, à actualiser dans un nouveau contexte, ….),
– des professionnels de proximité et du tuteur contribuant à la transmission des savoirs, à l’acquisition/actualisation des bonnes pratiques.
Ces modalités d’apprentissage et d’intégration se déploient favorablement dans des organisations de travail apprenantes, déclinées dans les projets s’y rapportant (projet de soins, projet pédagogique, gestion RH, …).
Ces principes font partie intégrante des référentiels métiers. Des déclinaisons opérationnelles ont été largement formalisées, mises en œuvre et partagées ces dernières années (processus, cartographies, parcours de stages et d’intégrations, formations au tutorat, outils de suivi et d’évaluation,
approche par compétences promue dans le référentiel Formation initiale 2009, …).
Pour autant, ces dispositifs d’accueil et d’intégration sont fragilisés du fait :
– de l’insuffisance de prise en compte de la fonction tutorales dans nos métiers,
– de la période de fortes contraintes démographiques de nos professions de santé (notamment infirmier, cadre de santé),
– des nouvelles formes d’engagement au travail (individualisation des parcours, difficulté à considérer le travail collaboratif, modification de la valeur « travail », …).
Les résultats des enquêtes réalisées par les organisations professionnelles & d’étudiants pointent la dégradation des conditions d’exercice et d’encadrement en stage.
L’analyse des motifs de départ ou d’arrêt de la profession pointe l’absence de temps dédié pour ce tutorat, un surcroit d’activité et une incapacité partielle ou totale à en mettre en œuvre les modalités attendues, y compris pour les professionnels formés au tutorat et/ou référents des parcours d’intégration de leurs pairs.
L’ensemble des parties prenantes s’accorde sur ce constat et les risques indus. L’intérêt de retours d’expériences rendant visibles la nature des besoins et les manières d’y répondre dans les différents milieux d’exercice infirmier sont retenus de principe. L’analyse SWOT croisant les points de vue des cadres de santé formateurs, des cadres de santé en milieu professionnel et des professionnels de proximité, ainsi que des étudiants pourra servir de base réflexive pour produire l’argumentaire.
Objectifs
– Identifier les axes thématiques et facteurs d’influence (leviers/freins) à approfondir pour optimiser le tutorat des étudiants et des professionnels en intégration
– Prioriser les thématiques à intégrer dans l’évolution des référentiels activités/compétences/enseignement pour la profession infirmière (métier socle) et dans les modalités d’organisation apprenante au sein des lieux d’exercices.
– Définir les champs des schémas d’accueil et d’intégration favorisant l’autoévaluation et l’individualisation des parcours professionnalisants.
– Associer le tutorat des étudiants à celui des professionnels en intégration, les deux contribuant à la professionnalisation, l’attractivité, la fidélisation.
– Faire reconnaitre le tutorat comme une activité en soi dans le processus de professionnalisation et dans l’organisation des activités professionnelles (cf. argumentaire CNPI produit dans le cadre du Ségur de la santé Juin 2020)